

Artificial Dusk (crépuscule artificiel) est mon premier projet curatorial qui rassemble cinq jeunes artistes, travaillant principalement la photographie et la vidéo. L’exposition aura lieu du 14 au 22 mars 2020 au Musée du Barreau de Paris.
*🦠 À cause du Coronavirus, le musée a été fermé 3 jours après le vernissage. Nous sommes en train de mettre en ligne le projet.
L’équipe curatoriale de l’exposition Artificial Dusk a le plaisir de vous inviter au vernissage le samedi 14 mars 2020 au Musée du Barreau de Paris, 25 rue du jour 75001 Paris à partir de 14h.
Parmi les cinq artistes, Jingwen Wu et Junli Chen sont issus d’école d’art. Ces deux artistes sont nés en 1996 tout comme Jacney Chan photojournaliste. Ergao et Lisbeth Bardin sont nés dans les années 1980. Ces deux chorégraphes mêlent des formes créatives pluridisciplinaires, notamment la vidéodanse, la photographie et l’installation.
Influencée par la série de Jingwen Wu, l’exposition propose cinq réponses différentes en utilisant des médiums communs afin d’exprimer leurs préoccupations quotidiennes.

Jingwen Wu 武靖雯



Jingwen Wu est diplômée à la School of Visual Arts, New York (SVA) en 2018 – spécialité photographie et vidéo. Née à Ya’an dans le Sichuan, elle a émigré aux États-Unis avec son père à l’âge de 10 ans et a grandi dans la banlieue de Los Angeles, ville qui comporte des mouvements de migration chinoise et mexicaine. L’œuvre de Jingwen Wu montre l’immense étendue continentale des territoires états-uniens, une mixité des mondes réel et virtuel.
Dans la série Do not talk about things at home, c’est en tant qu’écolière rebelle qu’elle choisit de se lancer dans une traversée du continent américain pour se réconcilier avec son père. Dès sa migration, le père de Jingwen Wu devient chauffeur routier durant plus d’une décennie. Chaque semaine, il traversera à bord de son camion les côtes est-ouest des États-Unis entre Los Angeles et New York.
Artificial Dusk est une série qui représente des personnes générées artificiellement par ordinateur dans le sillage du jeu vidéo Les Sims. Elle s’intéresse au fait que les personnages du jeu sont complètement libres et expriment leurs colères et désespoirs plus naturellement que dans la vraie vie. En jouant, elle teste ses propres limites. Ce terrain d’exploration la pousse à enquêter sur sa propre réalité. Un conflit de l’idéal dans monde non-humain.
Le curateur a fait le choix de mélanger différentes séries car il y a un lien inexplicable entre les personnages du jeu vidéo et les portraits des jeunes asiatiques rencontrés en Californie. De plus, l’artiste photographie les paysages désertés du grand ouest de la Chine et les vues du quotidien de sa terre d’adoption. Un paradoxe se dessine entre l’image d’un pays très peuplée, et le désert représentant la majorité des terrains en Chine. L’artiste Jingwen Wu replace le vide irréel des paysages de Chine avec la fiction complètement imaginaire de ses Sims. On voit dans ces paysages de Chine d’énormes constructions abandonnées, fruit d’une ambition incommensurable de la part du gouvernement chinois.

Junli Chen 陈俊立

Le travail de Junli Chen parle du harcèlement scolaire et des châtiments corporels. Présenté de manière anormale comme des farces, les objets qu’il photographie sont des allusions à ses anecdotes personnelles au pensionnat de Canton au sud de la Chine où il est resté durant douze ans. Que ce soit les bouteilles coca cola remplies d’urine, les collations interdites en classe ou l’oreiller planté d’aiguilles, chacun de ses objets raconte une histoire sombre dont l’artiste préfère minimiser la gravité.
L’usage des couleurs dans l’œuvre de l’artiste reflète sa situation personnelle en tant que daltonien, il aborde sa rencontre avec un professeur qui, sans scrupule, critique la capacité de l’artiste à entrer dans une université d’art et à s’épanouir. Il se réfère aux photographes américains Neil Winokur et Christopher Williams proposant des photographies ambigües qui au-delà de l’aspect industriel et commercial peuvent laisser place à beaucoup d’interrogations.
Deux histoires traumatiques représentent le mieux la série Richard. La première concerne une fille qui a accouché dans le dortoir et a jeté son bébé par la fenêtre de peur que le superviseur cruel du dortoir voit la scène. La deuxième histoire a eu lieu au collège. Elle raconte la fois où ses colocataires ont souillé son lit d’urine et la non-intervention de son superviseur. Cet épisode, remet en cause le système éducatif en Chine qui déresponsabilise les supérieurs et minimise les actes malveillants des étudiants et leurs dégâts.
Victime de maltraitance pendant sa jeunesse et de rejet par ses camarades, Junli Chen ne prône pas l’activisme en soi mais souhaite juste raconter son vécu à travers des images fortes et enfantines aux couleurs vives.

Jacney Chan 陈佳妮

Ayant un parcours en journalisme (spécialité nouveaux médias et cybermédia) diplômée de Sanda University à Shanghai, Jacney vit aujourd’hui à Pékin en tant que photojournaliste et vidéo-journaliste indépendante. Elle a travaillé dans des médias comme Vice, Nowness, Brut, Tecent, Sixthtone, Phoenix New Media etc. ; et a participé à de nombreux reportages. Elle est intéressée par toutes sortes de sujets : les sous-cultures en Chine, la migration de la population rurale vers les grandes villes chinoises, les styles de divertissement des personnes âgées, la modernisation en Mongolie Intérieure…
La commission du projet Artificial Dusk, Jacney nous raconte pour la première fois ses histoires personnelles sous forme de papiers journaux, avec une mise en page dans un style semi presse officielle, semi magazine de gossip. A travers un mélange de nouveaux, de vieux portraits de famille et de photos d’enfance, l’artiste capture l’écran d’un clip de mariage de son oncle en 1995. Les textes de son journal intime datant de douze ans, les articles de presse en anglais et chinois qui parlent de la politique de planification familiale, offre un voyage dans son temps. L’œuvre baptisée Nanhai Girl est un jeu de mots en mandarin. Nanhai, qui signifie la Mer du Sud (de la Chine), est aussi homonyme du mot « garçon ». Elle nous dévoile la frustration d’une fille qui a grandi dans le Fujian, une des régions où le problème des inégalités homme-femme est le plus présent. Elle a beaucoup utilisé les photos de sa mère dans le journal pour montrer la relation complexe entre ces deux femmes de différentes générations. On voit parfois sa mère qui peigne soigneusement les cheveux de sa fille (photo prise en 2020). Mais ironiquement, le texte venant de son journal intime daté il y a plus d’une décennie raconte le traitement injuste de sa famille envers elle et son frère, en dénonçant sa mère en tant que victime de l’inégalité homme-femme devenant aussi la défenseuse de cette inégalité.

A la fin du journal, nous sommes en 2020. L’épidémie réunit involontairement la famille enfermée à domicile. La mère qui joue au Majong en se masquant, journée passée au lit avec le smartphone. L’ennui a aussi poussé la fille à ranger les anciennes photos dans la maison. A la fin, on voit une sorte de compromis.
L’artiste se réfère à la photographe espagnole Cristina de Middel, qui a aussi eu son struggle entre la photographie journaliste et la photographie artistique.

Ergao 二高
Avec la réforme et l’ouverture de la Chine qui ont commencé en 1979, sont arrivées de grandes différences dans développement économique entre les régions. Les mouvements de populations se sont produites dans un processus d’urbanisation accéléré, comme les oiseaux en migration.
La ville est comme un poulailler moderne, la population apparait comme des poules domestiques.
Imaginer des êtres humains revenant à un état d’origine et à des règles conventionnelles ne s’applique plus. Imaginer les êtres humains est objectivé et les prochaines espèces dominantes auront un système social complètement différent – à quoi ressemblera le monde?
Chaque fois que nous observons et approchons d’autres créatures, ils nous observent et nous approchent en même temps.

Lisbeth Bardin & Grandee Dorji 丽莎&古天长

Waiting for myself est la rencontre entre deux cultures, occidentale et orientale, deux générations, avant et après 2000, autour du regard. Regarder ensemble un espace et choisir « le » point de vue pour prendre une photo, la photo. L’envie aussi d’entrer dans la photo et d’insérer un corps dans un paysage abandonné mais en même temps en reconstruction. Le mélange des matières : brutes comme la pierre, la brique et vivant comme le corps humain.
Réussir à rendre une photo en mouvement est aussi un des enjeux de ce regard partagé. Enfin, comprendre un espace en mouvance, c’est s’ancrer dans une société, une culture et trouver sa place. Cette rencontre derrière l’objectif c’est le partage d’une rencontre en dehors d’une pensée binaire, mais vers l’ouverture d’une “pensée autre” sans convention ni stéréotype.
La question du temps, de l’attente, du changement est un point récurrent dans la recherche de Lisbeth Bardin. Ce sont des actions. C’est sa première entrée dans les arts visuels en partenariat avec Grandee Dorji. C’est la découverte d’un espace du passé, en mouvance vers un futur qui est à l’origine de la transformation de son processus de création et de son entrée dans le monde de la performance.


Avez-vous des questions ?
Nous remercions Emmanuel Pierrat, conservateur du Musée du Barreau de Paris, et Cindy Géraci, qui en est la directrice, ce projet lié à l’injustice.
Nous remercions également Leila Izem, Leila Modestine, Lisbeth Bardin, Janie Amanda Roberts, Léna Xiang, Sasaya Ubimini pour leurs aides immenses à la production.
Les éléments visuels de l’exposition ont été créés par Liang Dai, graphiste basé entre New York et Shanghaï.
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